À l’heure où l’intelligence artificielle progresse à une vitesse vertigineuse, la génération Z remet en question la valeur de ses investissements éducatifs. Près d’un jeune chercheur d’emploi sur deux estime que l’IA a rendu son diplôme universitaire obsolète. Ce constat interroge profondément la place de l’enseignement supérieur dans un monde professionnel en pleine mutation.

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La génération Z face au doute

Investir plusieurs années et des milliers d’euros dans des études supérieures pour découvrir que son diplôme a perdu de sa valeur : c’est le sentiment de nombreux jeunes diplômés. Selon une étude d’Indeed, 51 % des membres de la génération Z considèrent leurs études comme un gaspillage d’argent.

"J’ai passé quatre ans à étudier le marketing digital. Quelques mois après mon diplôme, ChatGPT faisait déjà une partie de ce que j’avais appris", confie Emma, 24 ans, diplômée d’une école de commerce parisienne.

Ce désenchantement s’appuie sur des constats concrets : l’IA générative automatise désormais des tâches naguère réservées à des profils qualifiés – rédaction, analyse de données, programmation, design graphique de base…

Un écart générationnel révélateur

L’écart entre générations est saisissant : seuls 20 % des baby-boomers remettent en question la valeur de leur diplôme, contre 41 % des millennials et 51 % de la génération Z. Cette évolution ne traduit pas seulement un changement d’attitude, mais une rupture dans le contrat social qui liait diplôme et sécurité professionnelle.

"Mes parents voyaient le diplôme comme un passeport pour l’emploi. Aujourd’hui, même avec un master, je suis en concurrence avec des autodidactes… et avec l’IA", témoigne Thomas, 22 ans.

Ce scepticisme est renforcé chez les jeunes ayant contracté des prêts étudiants : 41 % d’entre eux doutent de la rentabilité de leur diplôme, contre 31 % chez ceux sans dette. Le rapport coût-bénéfice devient plus défavorable à mesure que les frais de scolarité augmentent et que l’IA gagne du terrain.

L’IA : menace ou levier de transformation ?

D’après Indeed, 45 % de la génération Z citent l’intelligence artificielle comme cause directe de l’obsolescence de leurs qualifications – un chiffre bien supérieur à celui des générations précédentes (30 % en moyenne).

Mais faut-il pour autant conclure à la fin des diplômes ? Les experts tempèrent. L’IA n’élimine pas les emplois, elle les transforme.

Comme le résume Ted Sarandos, co-PDG de Netflix : "L’IA ne prendra pas votre emploi. C’est une personne qui utilise mieux l’IA que vous qui pourrait le faire."

Plutôt que de remplacer les humains, l’IA devient un outil incontournable pour les professionnels qui savent l’exploiter efficacement.

La formation continue, moteur de résilience

Pour s’adapter, les entreprises misent sur des solutions de formation alimentées par l’IA. Ces plateformes personnalisent les parcours en analysant les compétences et besoins de chaque individu. IBM, EdCast ou encore des acteurs français développent des assistants IA qui accompagnent les collaborateurs dans leur montée en compétences.

"Notre plateforme détecte les lacunes de chaque salarié et propose des modules ciblés", explique Marie Durand, responsable formation dans un groupe technologique. "C’est particulièrement apprécié par la génération Z, en quête de formations concrètes et actionnables."

L’apprentissage devient ainsi plus flexible, individualisé et connecté aux enjeux réels du monde du travail.

Vers un nouveau modèle éducatif

Si la défiance envers les diplômes se généralise, les universités devront se réinventer. Certaines intègrent déjà l’IA dans leurs cursus – à la fois comme outil pédagogique et comme sujet d’étude. D’autres misent sur des compétences humaines différenciantes : pensée critique, créativité, intelligence émotionnelle…

"Nous ne formons plus à des techniques vouées à l’automatisation", indique Philippe Martin, directeur d’une école d’ingénieurs. "Nous formons à la collaboration homme-machine."

Les établissements devront évoluer vers des modèles hybrides, alliant formation académique, apprentissage par la pratique et adaptabilité technologique.

Un diplôme, et après ?

Malgré les doutes, l’enseignement supérieur conserve des avantages : les diplômés résistent mieux aux crises économiques, accèdent à des réseaux professionnels structurants et développent une maturité intellectuelle précieuse sur le long terme.

Mais pour rester pertinents, les diplômes ne peuvent plus être une fin en soi. Ils doivent devenir un socle, une première étape dans un parcours d’apprentissage continu.

"Je ne regrette pas mes études, mais je sais qu’elles ne suffisent pas", affirme Léa, 26 ans, ingénieure. "C’est ma capacité à apprendre en permanence qui fera la différence."

Conclusion : repenser l’éducation dans un monde en mouvement

L’IA bouleverse les repères établis. Pour la génération Z, elle remet en cause la promesse d’ascension sociale attachée au diplôme. Mais loin de sonner la fin de l’éducation, cette révolution appelle à un changement de paradigme : apprendre tout au long de la vie, développer des compétences hybrides, intégrer l’IA dans son quotidien professionnel.

Plutôt que de craindre l’obsolescence, il est temps d’embrasser l’évolution.